jeudi 31 décembre 2009

Le regard du silence...

Pour découvrir ce qu'aimer signifie, il faut être affranchi de toute forme de possessivité, d'attachement, de jalousie, de colère, de haine, d'angoisse- n'est-il pas vrai ? prenons, pour l'instant, le cas de l'attachement. Quand on éprouve de l'attachement, à quoi est-on attaché ? Supposons que l'on tienne à une table- que sous-entend cet attachement ? L e plaisir l'orgueil du propriétaire, la faculté d'apprécier l'utilité, la beauté de l'objet, etc.

Si un être humain est attaché à son semblable que se passe-t-il ? quand quelqu'un est très attaché à une personne, quel sentiment éprouve celui qui tient à vous ? dans un attachement se mêlant la possessivité, le sentiment de domination, la peur de perdre l'autre- d'où la jalousie, d'où un attachement encore accru, une possessivité et une angoisse encore plus grandes. mais s'il n'y a pas d'attachement, cela signifie-t-il qu'il n'y ait ni amour, ni responsabilité ? Pour la plupart d'entre nous, l'amour sous-entend un terrible conflit entre êtres humains et c'est pourquoi la relation devient une source d'angoisse perpétuelle.

On peut épiloguer sans fin, déverser des flots de paroles, pour arriver à des conclusions d'ordres divers, mais si de toute cette confusion verbale émerge ne serait ce qu'une action claire. Cette action là vaut un millier de mots. nous avons généralement peur d'agir, car nous sommes en proie à la confusion, au désordre, à la contradiction, au malheur. Et pourtant, en dépit de cette confusion, de ce désarroi, nous gardons l'espoir de voir advenir un jour une clarté qui ne soit pas une clarté d'emprunt, une clarté qui ne se ternisse jamais, qui ne soit ni donnée ni induite, qui ne puisse nous être ôtée.  Une clarté qui se pérennise d'elle même, sans l'ombre d'un effort volontaire ou d'un mobile, une clarté qui n'ait pas de fin et donc pas de commencement. 


Pour peu que nous prenions conscience de notre confusion intérieure, nous appelons cette clarté de nos vœux.cela vaudrait vraiment la peine de savoir s'il est possible que chacun soit à lui même sa propre lumière, une lumière qui ne dépende pas d'autrui, et qui soit totalement libre. on peut explorer un problème sous l'angle intellectuel, analytique, décortiquer successivement les différents facteurs de confusion et de désordre, et y consacrer des jours entiers, des années, voire sa vie entière, sans même être certain de trouver la réponse.


On peut se livrer à ce processus analytique de cause et d'effet, mais on peut aussi le court-circuiter complètement et aborder les choses par voie directe, sans l'intermédiaire d'aucune autorité liée à l'intellect. la condition indispensable est la méditation. ce terme de méditation-comme celui d'amour-a été galvaudé, trainé dans la boue.



Mais on sait tout cela...

Kabylie : Agression contre les chretiens

Des adolescents de la Nouvelle-Ville de Tizi-Ouzou ont été poussés par des islamistes à agresser des chrétiens kabyles pour les empêcher de tenir leur messe hebdomadaire, samedi 26/12/2009. Cet incident dont le Ministre de la religion est le principal instigateur, relève d’une démarche officielle qui veut faire d’une pierre trois coups.

- Après avoir essayé de contenir, par la loi du 23 mars 2008, l’expansion du christianisme en Kabylie, le pouvoir intolérant de Bouteflika passe à la phase de l’instrumentalisation de la terreur et de la voyoucratie « islamistes » pour réduire cette religion, avant de l’éradiquer sur le territoire de la Kabylie. Ailleurs, elle ne gêne pas. C’est la rencontre de la Kabylie avec le christianisme qui poserait problème aux plus hautes autorités du pays, car renforçant l’occidentalophilie de celle-ci et son combat pour son autonomie régionale.

- La Kabylie renommée pour son attachement aux valeurs de tolérance, de laïcité et de respect de toutes les croyances va, désormais, être présentée comme un fief islamiste. Des moyens médiatiques colossaux seront mis au service d’une propagande par laquelle les Kabyles vont être présentés comme les plus grands intégristes du monde. Ce que le pouvoir n’a jamais réussi à obtenir par les urnes, un penchant kabyle pour l’islamisme, la manipulation de jeunes égarés va en donner l’impression. D’ailleurs, cette pratique est à mettre en parallèle avec le terrorisme qui, dans les années 90 tout en infestant toute l’Algérie était inconnu en Kabylie. Depuis le « printemps noir » de 2001, le terrorisme, miraculeusement disparu partout, se retrouve concentré en Kabylie où, pourtant, la population les rejette. L’armée qui y a renforcé ses positions se comporte comme une protectrice du terrorisme et non comme son ennemie.

C’est donc la réputation de la Kabylie que le pouvoir tente de salir pour empêcher le peuple kabyle de bénéficier de la sympathie et de la solidarité internationales en cas de grande répression contre lui. C’est l’isolement international de la Kabylie qu’il est en train de tenter.

Le MAK exprime sa solidarité aux chrétiens de Kabylie et de tous les pays où ils sont minoritaires. Il condamne cette agression contre laquelle les services de sécurité n’ont pas voulu intervenir.

Il appelle tous les Kabyles à marcher le 12 janvier 2010 à Tizi-Ouzou et Vgayet (Bougie) pour, en plus des mots d’ordre de Yennayer en faveur de l’identité et de l’autonomie régionale kabyles, dénoncer cette agression honteuse et exprimer notre attachement à la liberté de culte.

Les instances internationales sont alertées contre ces dérives qui ne manqueront pas de porter atteinte à la stabilité régionale.

M.A.K

Kabylie le 27/12/2009

Légitimité par l'islam et chacalisation par l'arabisme

Alors que la plupart des analystes ont, jusqu'à la fin des années 70, mis l'accent sur la construction du socialisme et le révolution agraire dans la stratégie, d'auto-légitimation du pouvoir algérien, la recherche par l'état d'une légitimité islamique était pourtant un volet essentiel de la politique algérienne. sous ce rapport, la situation de la kabylie ne manque pas non plus d'être relativement singulière à l'échelle de l'algérie.

  Sans sous-estimer la prégnance de l'islam en kabylie, comme culture, comme loi, et sachant que l'islam peut être investi par des valeur les plus diverses, recouvrir, justifier, légitimer des positions allant de l'attentisme le plus inhibiteur à l'activisme le plus volontariste (d'où l'inanité de la problématique : l'islam est-il progressiste ou réactionnaire ? ) il faut insister sur la situation particuliére de l'islam kabyle en restituant le spectre de ses nuances.

  Il y a d'abord, cet islam de terroir, fragmenté et particulariste. c'est celui des confréries religieuses et des marabouts. du fait que cet islam est largement solidaire du monde paysan, la dépaysannisation massive de la kabylie a induit une profonde démaraboutisation des communautés locales.

  De façon beaucoup plus précoce et systématique que dans les autres régions rurales d'algérie, les marabouts de kabylie, qui assuraient auparavant le magistére spirituel et l'enseignement coranique des communautés locales, ont été très nombreux à basculer dans le monde du travail salarié et l'émigration ouvrière. Il s'est donc produit un phénomène de "décléricalisation". A cela, la diffusion importante de la culture française et un accés privilégié à la modernité européenne se sont surajoutés pour induire une profonde sécularisation des représentations. La décléricalisation des communautés villageoises et la sécularisation des représentations se sont donc conjugués pour aboutir à une déprise significative de cet islam de terroir.

Bien que l'extension du mouvement associatif badisien ait été relativement circonscrite en kabylie, l'impacte de ce mouvement de réformes religieuse impulsé dés la fin des années 20 a profondément affecté les représentations et les pratiques musulmanes. en effet, la rationalisation des pratiques et des croyances dont procéda le mouvement de reforme religieuse convergeait totalement avec le phénomène de sécularisation des représentations dont l'importance, en kabylie, fut souligné. Ce n'est que tardivement que les deux logiques se heurtèrent. ce qui produisit une fois qu'elles se projetèrent et se cristallisèrent dans des organisations aux buts qui paraissent de plus en plus comme exclusif les uns des autres.

Ce sont la très forte idéologisation de l'islam et, surtout la dogmatisation que l'état algérienne fit subir à l'arabo-islamisme qui creusèrent définitivement les oppositions. Si les kabyles communièrent comme les autres algériens dans l'arabo-islamisme jusqu'à l'accession à l'indépendance, c'est que celui ci était pensé et vécu comme un mythe susceptible de rassembler toutes les énergies et les fidélités pour poursuivre le combat de libération nationale. il n'en alla plus de même lorsque le mythe fut érigé par l'état au rang de dogme dont la remise en question était justiciable de la cour de sureté de l'état. d'autant qu'en passant du statut de mythe à celui de dogme, l'arabo-islamisme s'était passablement rigidifier, au point de couvrir d'une chape de plomb toute référence a l'amazighité de l'algérie

 

Le nouvel an Amazigh : pourquoi célébrer Yennayer ?



Une telle tâche n’a rien ostracisme : Humanité et l’Universel n’étant que la somme des différentes composantes qui constituent ce Monde dans lequel nous vivons. Par ailleurs, étant donné le jeu verrouillé imposé par les différents pouvoirs successifs au sein de Tamazgha, la patrie de notre Peuple, de notre Culture, de notre Histoire et de notre Identité, la Diaspora Amazighe se trouve aujourd’hui de fait investie d’une part de responsabilité liée à la sauvegarde et à la revivification de sa propre identité et de sa propre culture en attendant des lendemains meilleurs. Par conséquent, c’est dans ce double cadre bien défini que s’inscrit la célébration de Yennayer (le nouvel an Amazigh) par la Diaspora Amazighe.

Qu’est-ce que Yennayer ?

Yennayer est la fête célébrant le passage au nouvel an par les Imazighen. Ce jour correspond au 13 janvier du calendrier grégorien, devenu universel. À l’instar des autres civilisations dans le Monde (Russe, chinoise, irlandaise, arabe etc.), les Imazighen avaient donc leur propre calendrier bien ancien, basé à la fois sur les changements de saisons et les différents cycles de la végétation qui déterminent les moments cruciaux à l’agriculture, et sur les positionnements des astres comme la lune et le soleil. À l’Arrivée des Romains, un autre calendrier (le calendrier Julien), allait se substituer au calendrier autochtone, qui ne répondait plus aux nouvelles saisons nées des innovations agricoles.

Le 13 janvier du calendrier Julien (institué en 45 av. J.-C. par l’Empereur Jules César) correspond donc au 1er janvier du calendrier grégorien actuel (instauré par le pape Grégoire XIII en 1582).

Pourquoi le 13 janvier?

L’avènement de Yennayer de l’an 951 avant Jesus-Christ du calendrier grégorien correspond à un événement politique de portée incommensurable pour les Imazighen. Nombreux dans les différentes armées des Pharaons, les Imazighen allaient peu à peu s’affirmer et influencer les Rois Pharaons. C’est ainsi qu’ils réussirent à arracher leur droit à observer leur propres rites comme les cultes funéraires, pratique spirituelle d’importance capitale à l’époque. Il en fut une qui ne pouvait passer inaperçue, le rite funéraire organisé à la mort de Namart, père de Sheshanq I qui allait bientôt être le fondateur de la XXIIème dynastie pharaonique.

En effet, en l’an 950 Av.J., à la mort du Pharaon Psoussenes II, un Amazigh répondant au nom de Sheshnaq accède au statut de Pharaon Égypte en soumettant tout le Delta du Nil, ainsi que la grande prêtrise égyptienne sous son autorité, et fonda sa capitale à Bubastis. Auparavant, Chechanq I régnait sur un territoire allant de la partie orientale de la Libye actuelle jusqu’au delta du Nil. il régna sur Égypte en tant que Pharaon de 950 jusqu’à 929 av. J.-C.

  Soucieux de respecter la tradition pharaonique, son fils épousa la princesse Makara, fille du défunt Pssossenes II. En commémorant cet événement, Yennayer devient également le symbole des retrouvailles entre les Imazighen et leur histoire plusieurs fois millénaire, de laquelle ils ont été injustement spoliés depuis maintenant deux millénaires.

La célébration de yennayer

Pour les Imazighen, Yennayer est d’abord une porte qui s’ouvre sur le nouvel an et appelée ’tabburt useggwass’ (la porte de l’année). Sa célébration s’explique par l’importance accordée aux rites et aux superstitions de l’époque dont certaines subsistent encore de nos jours. La période en question attire particulièrement l’attention car la saison correspond à l’approche de la rupture des provisions gardées pour l’hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites. À cette époque de l’année, le rite doit symboliser la richesse. Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiant et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux. On obéit également aux lois rituelles tel que le sacrifice d’un animal (Asfel) sur le seuil de l’année, comme on le fait encore de nos jours sur les fondations d’une nouvelle bâtisse. Le rituel asfel symbolise l’expulsion des forces et des esprits maléfiques pour faire place aux esprits bénéfiques qui vont nous soutenir l’année durant. Si les moyens le permettent, seront sacrifiés autant de bêtes qu’il y a de membres de famille. La tradition a retenu le sacrifice d’un coq par homme, une poule par femme et les deux ensemble pour les femmes enceintes afin de ne pas oublier le futur bébé. A défaut de viande, chaque membre de famille sera représenté par un œuf surmontant une couronne de pâtes.

Le dîner ce jour là sera servi tard et se doit d’être copieux, ce qui aux yeux des Imazighens augurera une année abondante. La viande de l’animal sacrifié y sera servie conformément au rite. Certains ne peuvent se permettre un tel sacrifice, servent de la viande sèche, comme acedluh, gardée pour de pareilles occasions : un Yennayer sans la viande fût-elle sèche n’en était pas un ! Lors du dîner, une cérémonie est prononcée afin de préserver les absents et de faire que l’année soit bonne. Les absents ne seront pas les oubliés du repas : des cuillères disposées par la mère symbolisent leur présence et une proportion symbolique leur sera laissée dans le plat collectif, sensé rassembler toutes les forces de la famille.

Après le repas il convient de vérifier si tout le monde a mangé à sa fin. C’est la maîtresse des lieux internes (la grand-mère ou la mère) qui pose la question aux enfants pour savoir s’ils ont mangé à leur faim : la réponse est necca neswa (oui nous avons mangé et sommes rassasiés). La maîtresse des lieux n’oublie pas non plus les proches ou les voisins, lesquelles lui rendent également des aliments différents : il n’est pas de coutume de laisser balader des ustensiles vides le jour de laâwacher (jour béni).

La fête garde de sa saveur pendant les quelques jours qui suivent l’événement. Les nouveaux ustensiles rangés après la dernière célébration vont redescendre de tareffit (étagère), on prépare lesfenj (des beignets), tighrifin (crêpes), et tout autre plats et gâteaux rappelant une saveur rare fût-elle importée. Seront également au rendez-vous les fruits secs amassés ou achetés le reste de l’année, figues sèches, amandes, noisettes, dattes, etc.

De nos jours

Dans certaines régions d’Algérie, Oran, Beni Zennassen, etc., la célébration de Yennayer n’a rien perdu de sa fraicheur ni de son authenticité. Chez ces dernier, certains s’abstiennent de manger des aliments épicés ou amers par peur de présager une année du même gout. Le repas de Yennayer est conditionné par les récoltes selon les régions mais aussi par les moyens des uns et des autres. Les aliments servis vont symboliser la richesse, la fertilité ou l’abondance. Il est ainsi des irecman (bouillie de blé et de fèves) ou le cœur du palmier chez les beni-Hawa : pas question de rater le repas de bénédiction qu’est celui de Yennayer. Le bon présage de Yennayer fait aussi que l’on lui associe d’autres événements familiaux comme la première coupe de cheveux du dernier né ou le mariage. Récemment encore, on disposait à l’extérieur ou sur le toit des ustensiles pleins de sel dont le nombre symbolise les mois de l’année, les filles s’amusent à marier leur poupées, on envoie les enfants aux champs afin de cueillir eux-même fruits et légumes.

Yennayer dans la Diaspora

En terre d’exil, loin des nôtres et des lieux de notre enfance, Yennayer est d’abord l’occasion de nous rencontrer et fêter la nouvelle année dans un bain culturel amazigh. C’est également l’occasion pour nous de nous rappeler notre devoir de lutter pour la survie de notre culture et de notre identité, et d’affirmer ainsi notre présence aux côtés de nos frères et sœurs qui luttent sur place dans un environnement qui lui est politiquement hostile.

Par Karim Achab pour le Matin (10 Janvier 2004)




mercredi 30 décembre 2009

C'est l'autre... toujours la faute de l'autre...

Les historiens de l'algérie situent habituellement l'instauration du régime colonial en kabylie en 1857. mais les généraux avaient déjà posé de nombreux jalons à leur prise de possession de la kabylie, plusieurs expéditions militaires ponctuelles avaient amené des tribus à se soumettre et, surtout par l'entremise des chefs de guerre kabyles que les généraux français investissaient à mesure de l'expansion militaire, l'ordre colonial disposait d'un certain nombre de relais locaux.

L'année 1857 marque, en fait, la fin d'une série d'opérations militaires de grande envergures visant la répression d'une insurrection généralisée de la kabylie aussi bien contre les troupes française que contre les tribus qui avaient déjà fait leur soumission et les grands chefs de guerre que les généraux français avaient investis de fonction de commandement; agha et bachagha.

c'est dire qu'avant 1857 et, en fait, depuis le début de la guerre menée contre abd el kader, un certain nombre de tribus kabyles avaient au moins formellement et pour certains des bout des lèvres, fait leur soumission aux généraux français. c'était notamment le cas des tribus situées le long de la frontière occidentale de la kabylie.

ainsi des tribus de la confédération des Flissa Oumlil, dont les terres jouxtaient la Mitidja algeroise déjà investie par la colonisation européenne. de même au cœur de la kabylie, dans toute la vallée du Sebaou, les généraux français avaient réussi à attirer à eux nombreuses fractions de la puissante tribu des Amraoua qui avaient constitué durant toute la période ottomane la principale tribu des Makhzen des Turcs en kabylie. en effet, dés la chute de la régence d'alger, en juillet 1830, cette tribu auxiliaire des Turcs avait complètement éclaté sous pression conjugué de toutes les tribus kabyles réparties sur les montagnes dominant le Sebaou.

ces dernier, dont l'expansion dans la vallée de l'oued avait toujours été bridée par les Amraoua, armés et équipés par les turcs, profitèrent de l'effondrement de la Régence pour investir les plaines et basses collines situées en contrebas de leurs villages et chasser les Amraoua de la vallée. ainsi démobilisés, dispersés et en fuite, les Amraoua étaient prêts à rallier celui qui leur permettrait de recouvrir leur situation d'antan...

mardi 29 décembre 2009

dimension que la pensée ne peut toucher...

Où que l'on aille aux quatre coins du globe, on peut trouver trace, sous des formes plus ou moins grossières ou subtiles, des efforts auxquels se livre l'esprit pour découvrir d'authentiquement sacré, d'authentiquement saint.  partout, l'esprit humain se pose constamment la question de savoir s'il existe au monde quelque chose qui soit véritablement sacré, divin, qui ne soit corruptible.

les prêtres, les imams...du monde entiers ont dit depuis toujours que pour entreprendre cette quête, il fallait avoir foi en ce que l'homme, l'humain a nommé : dieu. mais peut on trouver la réponse et savoir si oui ou non pareille chose existe ? s'il faut pour cela obéir aux ordres d'une religion ou d'une croyance particulières ? ou bien cette notion n'est-elle que l'invention d'un esprit qui, pris de panique devant le caractère mouvant, fluctuant de tout ce qui l'entoure se met en quête de quelque chose qui soit permanent, qui transcende le temps ?

on ne peut faire autrement que de s'y intéresser que l'on y croie ou non, parce que, faute d'en faire la rencontre, d'apprendre ce qu'il en est de cette chose, notre existence restera à tout jamais superficielle.
on a beau avoir un sens morale, au bon sens du terme, pas au sens d'une morale forcée, imposée par la société, la culture, tradition... on a beau mener une vie plutôt harmonieuse, saine, équilibrée, dénuée de contradiction et de craintes, pourtant, si nous ne parvenons pas à découvrir ce que l'humanité cherche depuis toujours, alors, quels que soient notre moralité, notre engagement social ou notre désir de bien faire, notre existence sera bien creuse. avoir un vrai sens moral, être véritablement vertueux, c'est rester profondément enraciné dans le camp de l'ordre, des traditions, coutumes, ainsi on retombe ou plutôt demeure fidèle à son doctrine, son conditionnement...

si l'on se sent sérieusement motivé vraiment concerné par le phénomène de l'existence sous touts ses aspects, il importe de chercher par soi même à savoir si elle existe ou non, cette chose qui ne se nomme pas, qui transcende le temps, qui ne procède pas de la pensée, ni de quelque illusion d'un esprit humain mourant d'envie de s'aventurer au-delà de l'expérience.

il faut apprendre ce qu'il en est de cette chose, car l'existence prend alors des dimensions étonnamment profondes- non seulement un sens mais une immense beauté- étant désormais a l'abri du conflit et empreinte d'un sentiment d'intégrité, de plénitude, de complétude absolues. celui qui désire en savoir plus sur cette chose doit, naturellement renoncer d'abord à tout ce que l'humain, après l'avoir engendré lui même, qualifie de divin et donc à l'ensemble des rituels, des croyances et des dogmes qui sont la clé de son conditionnement.

Le prosélytisme chrétien en algerie entre 1863/1871

L'idée de convertir les algeriens au christianisme apparait dès la création de l'évêché d'Alger en 1838. le premier évêque se crut investi de la mission de reconstituer l'église d'Afrique telle qu'elle était à l'époque de saint augustin. cependant les autorités militaires qui administraient l'algerie s'opposèrent constamment à ses projets, pressentirent les difficultés et les troubles que pourrait provoquer le prosélytisme chrétien.

les premières tentatives de conversion ont été rendues possibles par deux facteurs. la première est la fondation de l'archevêché d'alger en 1867, et la nomination à la tête de l'institution d'un bouillant prêlat, le cardinal Lavigérie qui était alors au clergé ce que le maréchal Bugeaud était à l'armée d'Afrique. la seconde raison qui a rendu possible les débuts du prosélytisme chrétien réside dans le succès et la diffusion croissante du mythe amazigh crée par les européens. en effet, selon les représentation stéréotypées et totalement fantaisistes de ce qu'on appela principalement le mythe kabyle, l'islam était réputé n'être, pour cette population qu'un vernis superficiels et ces "tièdes musulmans" auraient été, à croire Lavigérie, presque impatient de recevoir les évangiles.

ces fantasmes s'étayaient sur un ensemble de discours pseudo-scientifiques et pseudo-historiques largement partagés par les européens. ainsi, non seulement les imazighens serait de tièdes musulmans, mais encore il aurait suffi de gratter un peu le vernis que constituait l'islam pour découvrir dans leurs pratiques religieuses la trace du christianisme, étant entendu que les imazighens avaient tous été christianisés à l'époque romaine.

L'abbé Creuzat, un jésuite installé à Fort National, actuel, Larva Nath Yirathun, au coeur du Massif kabyle, fut le premier à entreprendre des démarches dans les tribus de la région. pendant quelques mois, les populations qui profitaient de la naiveté du curé et de quelques hardes que celui ci distribuait pour les amadouer lui faisaient des promesses en échanges de ses libéralités. enhardi par l'espoir que lui donnaient quelque drôles, le curé entreprit de faire constater le succés de son apostolat aux autorités militaires qui n'avaient cessé de le dissuader de faire du prosélytisme.

rendu sur place en compagnie d'offeciers français, le clerc fut ridiculisé de faon assez scrabeuse. mais aveuglé par sa mission et par le mythe kabyle, l'abbé Creuzat s'était persuadé d'avoir eu affaire à des voyous et ne désespérait pas de ramener ceux qu'il considérait comme d'anciens chrétiens dans le giron du christianisme. il continua donc son apostolat avec aussi peu de réussite.

a suivre...

lundi 28 décembre 2009

le mouvement culturel amazigh et son influence.

le mois d'avril 1980 est celui du printemps amazigh. manifestations de rue, grève générale et constitution de comités pour la défense de la culture amazigh et des liberté démocratiques mirent en émoi l'ensemble de la kabylie et réalisèrent la mobilisation d'une grande partie de la population de la région.

avec l'explosion du printemps amazigh, la revendication culturelle, politique amazigh cessa d'être confinée dans le milieux étroits(étudiants, émigration...) pour devenir un véritable mouvement sociale. ce fut le premier mouvement social qui creusa une brèche dans monolithisme de la vie politique algérienne depuis l'accession du pays à l'indépendance nationale.

les militants amazighs ne restèrent pas longtemps les seuls à organiser l'opposition politique au régime algérien. au début des années 80, un  mouvement islamistes s'organisa au sein d'une nébuleuse associative que l'on engloba alors sous le nom de frères musulmans. par ailleurs, les militants du PAGS qui étaient longtemps restés dans une posture de type" soutien critique" vis a vis du pouvoir, radicalisèrent leurs option.

une fraction du pouvoir algérien, inspirée en cela par l'aile gauche du parti unique, fln, ne cessa de jouer les militants du PAGS, contre les militants culturels amazigh, tandis qu'une autre fraction de l'état misait davantage sur l'opposition islamiste afin de neutraliser a la fois le mouvement amazigh et les pagsistes.

enfin, les pagsistes s'opposaient spontanément aux islamistes. mais au total, la confrontation et les affrontement entre les trois formations ne sortirent presque jamais des université d'Alger et de Tizi ouzou qui étaient les seuls lieux de rencontre possible des protagonistes.

en kabylie, les populations étaient massivement acquises au mouvement amazigh, dont les militants joueront un role de premier plan dans la redynamisation des traditions municipales villageoises.

les islamistes étaient quasi absents de la région et ceux qui y demeuraient adoptaient un profil bas, tandis que les militants du PAGS structurés en cellule partisane de type marxiste-léniniste, n'avaient aucune assise sociale ni aucune possibilité de mobiliser les populations de kabylie.

massinissa.

a suivre
A Tizi-Ouzou, en Algérie, une messe vient d’être empêchée par une foule d’intégristes qui, fort du sentiment d’impunité, proféra menaces de morts, insultes, insanités… devant des chrétiens venus en famille offrant à leurs enfants un spectacles d’intolérance qui renvoie la mémoire collectif au début des années 90 lorsque l’inquisition islamiste annonçait déjà, par de tels actes moyenâgeux, la longue et terrible tragédie qui plongera l’Algérie, des années durant, dans l’horreur et la barbarie.

Un citoyen répondant au pseudo de « Abu Lahab » eut cette réflexion « Nul doute que les mêmes belles âmes qui ont poussé des cris d’orfraie à l’annonce du résultat du référendum interdisant la construction de minarets en Suisse vont également crier haut et fort leur indignation à la nouvelle de cette entorse grave à la liberté religieuse. ». Pensée lourde de sens et d’une lucidité à mettre à nue l’hypocrisie ambiante chez nos défenseurs attitrés des droits de l’hommes et nos élus de l’oppositions trop occupés à offrir à l’un d’eux un siège au sénat synonyme d’un salaire faramineux qui avoisine les 30 millions de centimes et d’une opportunité de « gagner beaucoup d’argent sans travailler, voyager à l’étranger aux frais du contribuable sans apporter aucune contribution à la délégation, comment il peut être pris en charge dans un hôtel 5 étoiles à plus de 10 000 DA par jour même quand il possède une villa à Alger qu’il peut louer à des étrangers à 100 millions de centimes par mois, comment il peut aussi avoir un prêt de 100 millions sans intérêts, voyager par avion en first… » (Dixit Mokrane Aït Larbi, ex Sénateur démissionnaire in Liberté - Edition N° 5265 du Lundi 28 Décembre 2009).

Il faut dire que ces atteintes à la liberté de culte et à la liberté de penser sont récurrentes dans l’Algérie d’après 1999 si l’ont met l’assassinat des moines de Tibhirine, des prêtres de Tizi-Ouzou ainsi que toutes les victimes chrétiennes du terrorisme islamistes d’avant l’ère Bouteflika sur le registre fallacieux de « victimes de la tragédie nationale » établit par la politique officielle dite de « la paix et de la réconciliation nationale » qui offre le pardon aux sanguinaires de la pire espèce et impose l’amnésie et l’effacement aux victimes qui « ne doivent pas brusquer les « repentis » qui reviennent, en désespoir de cause, dans la société, après avoir violé des centaines de femmes et de fillettes, égorgés celles qui refusaient le voile et leur diktat, assassiné l’élite et les artistes, rasé de la cartes des villages entiers, massacré des militants démocrates…

Ce qui est désolant et regrettable, c'est incontestablement le silence des pseudos démocrates et des ex laïques qui n’ont de laïques de le souvenir. La domestication et la normalisation sont, désormais, un fait accompli, le massacre peut commencer. L'opposition a d'autres chats à fouetter : courir derrière des sièges au Sénat et à l'APN et construire des carrières et des fortunes personnelles sur le dos de la Démocratie, des sacrifices des militants dévoués et du peuple... Après ça, des vierges effarouchées oseront venir et s'interroger sur le pourquoi de la démission du citoyen et l'absence de confiance envers eux et la politique en général. Bien entendu, je ne devrais pas dire ceci, les règles de la discipline devraient m'obliger à me taire et à laisser cet énième forfait passer inaperçu...

Une telle atteinte aux droits de l"homme en face du silence "parlant" des partis de l'opposition qui contrôlent, faut-il le préciser, l’essentiel des assemblées élus de la région et qui se disent, chacun dans son petit coin, "seul vrai parti d'opposition en Algérie" et, pour certains, laïcs qui ont totalement oublié la laïcité pour laquelle des centaines de militants étaient offerts en sacrifice, nous renseigne sur le degré atteint par le repli politique de nos opposants de pacotilles. Plus que jamais, l'opposition démocratique et laïque est à réinventer. Tout le reste n'est que démagogie de salons et tromperie de carriéristes.


Allas Di Tlelli (alias Halim AKLI)
http://mak.makabylie.info/

Plaidoyer pour l’aménagement de l’Autonomie de la Kabylie


Par Dahmane At Ali

Je m’adresse ici à tous les citoyens kabyles qui doutent encore du bienfondé stratégique de l’idée d’autonomie de la Kabylie. Je sais, pour avoir discuté avec des amis et des inconnus sur ce projet, pour avoir fréquenté avec intérêt et assiduité les forums traitant de ce thème, que les niveaux d’engagement sont différenciés selon les individus et vont de la préférence du statu quo à la revendication d’une indépendance en Kabylie. D’emblée et rien qu’en prenant cet éventail, le projet d’une autonomie régionale apparait comme le juste milieu, un compromis pouvant réconcilier les partisans d’une Kabylie devant demeurer comme n’importe quelle autre région d’Algérie, d’une part et de l’autre part, les assoiffés de son indépendance totale. Aux premiers, je dirais que cette Algérie en laquelle eux ils croient, ne croit pas, elle, en eux. Elle n’investira en eux que le jour où ils deviendraient des Arabes affermis par l’école, la mosquée, les médias, la rue… Aux seconds qui piaffent d’impatience de voir une Kabylie totalement indépendante de l’Algérie, le récent épisode d’un vulgaire match de football contre l’Egypte devrait leur ouvrir les yeux sur l’énorme distance qui les sépare de leur société où cet événement a provoqué un énorme brouillage de repères identitaires chez les Kabyles. Bref, aux uns et aux autres je dirais qu’on ne peut pas aller plus lentement ou plus vite que la musique. Il faut adapter la cadence à la mesure.

Comme l’écrasante majorité de ces deux extrêmes est du côté de ceux qui tiennent à diluer la Kabylie au sein de l’Etat-Nation algérien en construction, c’est à eux, prioritairement que je voudrais parler de la nécessité de l’aménagement sociopolitique concret de l’espace kabyle en vue de la réalisation effective sur le terrain du Projet pour l’Autonomie de la Kabylie (PAK), adopté officiellement le 14 Aout 2007 par le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK).

Rappels :

Comme vous, j’étais et je demeure un inconditionnel fervent militant pour l’instauration d’une démocratie citoyenne majeure dans le cadre algérien ;

Comme vous, dès mon jeune âge, j’ai entamé en tant que lycéen mon combat politique initiatique (revendication identitaire) dans le cadre du Mouvement Culturel Berbère (MCB) dès Avril 1980 ;

Comme vous, durant ces trente années de lutte, j’ai caressé le fol espoir que nous puissions parvenir un jour à réconcilier pleinement le citoyen algérien avec son identité authentique dont il fut spolié des siècles durant et lui restituer enfin sa dignité citoyenne dans le cadre d’une démocratie politique plurielle véritable ;

Comme vous, j’avais rejoint les rangs d’un parti politique, nouvellement agrée par la constitution de 1989, se revendiquant résolument du projet social démocratique et laïc ;

Comme vous, j’ai soutenu, accompagné et encadré le boycott scolaire 1994/1995 sous l’égide du Mouvement Culturel Berbère ; Comme vous, je fus atterré par la sauvagerie de nos adversaires politiques en procédant à l’élimination physique du chanteur Lounès MATOUB, le 25 Juin 1998 (porte-drapeau de l’Amazighité et figure de proue d’une Kabylie qui refuse la soumission), victime d’une lâche conspiration du pouvoir central ;

Comme vous, j’ai soutenu puis adhéré spontanément à l’historique mobilisation citoyenne kabyle ayant culminé avec la plus grande marche, jamais organisée en Algérie, celle 14 Juin 2001. Elle était l’œuvre du Mouvement Citoyen des Archs, né après l’odieux et inqualifiable massacre des meilleurs jeunes de Kabylie, au printemps noir 2001. Le pouvoir venait de montrer, à la face du monde entier, son vrai visage, hideux et barbare.

Pourtant, comme vous, durant toutes ces années, je n’ai jamais cessé de cultiver, de défendre et d’affermir de plus belle mon attachement indéfectible à mon pays, l’Algérie ;

Comme vous, j’ai dans un premier temps accueilli avec beaucoup de circonspection cette nouvelle idée d’Autonomie de la Kabylie, dès sa première formulation, en juin 2001. Comme vous, je l’ai désapprouvée tout à fait au début, je l’ai même réprouvée politiquement non sans m’être surpris bien des fois à cultiver une insondable méfiance, voire même des suspicions irrationnelles envers ses pionniers, pour des raisons qui me paraissaient à l’époque reposer sur des « principes sacrés ». Mes griefs n’étaient pourtant fondés que sur des préjugés monumentaux, ma méprise de la réalité et surtout ma profonde aliénation, jusque là insoupçonnée : un attachement irrationnel à des concepts pernicieux inoculés par le jacobinisme de l’Etat central uniciste algérien : « Un seul état, une seule nation, un seul peuple, une seule langue, une seule religion, une seule identité, une seule direction politique, un choix irréversible … ».

Fort heureusement, ma lucidité renonçait peu à peu à continuer de me trahir. Peut-être, tout aussi bien comme vous, vous qui lisez ces lignes.

Voici alors quelques éléments sur lesquels s’est articulé mon raisonnement sur lequel j’ai veillé scrupuleusement à ce qu’il soit imprégné d’un minimum de rigueur. J’ai tenté de les développer sur ces quelques pages selon une méthode discursive interactive et réflective afin de tenter d’impliquer intentionnellement la réactivité du lecteur (de l’internaute) ou, à tout le moins, de stimuler en lui une réflexion toute personnelle sur ce sujet. Cela lui permettra, du moins je l’espère, de se déterminer à son tour sereinement et dans la clarté d’esprit. Pour ce faire, mon exposé est présenté en deux parties :
Dans un premier temps, je m’emploie à mettre en exergue la seule alternative politique viable qui s’impose de fait aujourd’hui à la Kabylie : le combat politique pour l’Autonomie de la Kabylie.

Dans la seconde partie, sans doute la plus intéressante, après étude et analyse d’une multitude de propositions et de contributions relatives à cette optique autonomiste (notamment celles publiées sur tous les sites web kabyles), je développe, en les énumérant une à une, un certain nombre d’actions et de mesures concrètes qui pourraient être immédiatement mises en œuvre sur le terrain afin de nous préparer efficacement à cet objectif historique. En effet, nous considérons que l’Autonomie de la Kabylie, ne se demande pas, ne se revendique pas, tout comme elle ne se décrète pas par un simple texte de loi : ELLE S’IMPOSE DE FAIT SUR LE TERRAIN. Il nous revient à nous de mettre le pouvoir central devant une réalité concrète, un fait qu’il ne pourrait raisonnablement contester. Nous ne devons alors lui laisser aucune autre alternative que d’entériner cette nouvelle réalité nationale kabyle qui ne manquera pas d’avoir un impact concret autant sur les mentalités que sur tous les aspects de la vie de la Nation Kabyle.

Comme le dit si bien l’adage des prévoyants : « Demain, c’est déjà aujourd’hui ! » ! Nous devons réfléchir dès maintenant à la mise en place de tous les cadres et mécanismes devant structurer à terme les institutions politico-administratives du futur ETAT REGIONAL KABYLE et ce, dans les meilleurs délais, de telle sorte que le référendum d’autodétermination du peuple kabyle ne soit pour nous qu’UNE SIMPLE FORMALITE JURIDIQUE.

Première partie

L’Autonomie, seule alternative viable du combat politique de la Kabylie]]

1. L’Etat-Nation ou la stratégie politique de décimation des cultures autochtones

Ainsi, il se trouve que je n’avais à aucun moment réussi à me donner le temps suffisant pour effectuer sereinement une analyse critique, lucide et objective de cette lumineuse proposition de l’autonomie de la Kabylie avant de me prononcer en conséquence. Car, je n’avais jamais pris le recul nécessaire pour la considérer des points de vue historique, sociologique et politique dans toute leur rigueur.
Bref, comme vous, je me suis invariablement prononcé par un conditionnement quasi-pavlovien voire par zèle irrationnel contre une telle proposition que je considérais déconcertante, dans le meilleur des cas, anachronique sinon carrément absurde. Brouillon, approximatif, expéditif, je le fus moi aussi ! Cependant, petit à petit, je me rendais compte que j’étais piégé par un substrat conceptuel profondément « ingurgité » et tout-à-fait arbitraire. C’est celui de « l’Etat-nation en construction », dérivant de l’adoption de la pensée jacobine, héritée de l’ex-puissance coloniale. Il est depuis 1962 le soubassement conceptuel et doctrinal de l’Etat Algérien. C’est à partir de ce faux postulat de base que je tentais inefficacement de me déterminer face à cette audacieuse alternative. Ce faisant, je réalisais subrepticement que je demeurais toujours aliéné par un lourd fardeau, en partie hérité de nos ainés, et surtout par des reflexes psychologiques et une mentalité saturée de conventions d’origine coloniale desquelles ma pensée n’avait pu se libérer totalement. Je suis encore tout confus de me découvrir à ce point aliéné. Mais, en persévérant honnêtement dans ma studieuse réflexion, car vouant toujours le même amour charnel à ma patrie et mon peuple kabyles, le même attachement totalement désintéressé, je découvrais l’extrême fragilité et l’inconsistance de mon argumentaire et, du coup, je me sentis paradoxalement devenir un Kabyle, d’origine amazighe, encore plus libre que je ne croyais l’être ! En osant soumettre à l’analyse objective le concept même d’Etat-Nation et son pendant, le jacobinisme doctrinal de l’Etat central, toutes les apparentes apories s’effilochaient une à une comme les frêles flocons de neige fondant aux premiers rayons du soleil printanier ! Que pouvais-je sauver de consistant de cette imposture conceptuelle d’ « Etat-Nation en construction » ? Rien d’autre qu’un mauvais souvenir, désormais évanescent, une vision de l’esprit parfaitement illusoire et sans aucune portée sur le vécu réel du peuple kabyle. Il ne reste que cette lancinante question de savoir comment construire un avenir à mes enfants de manière pragmatique, en rapport avec cet ensemble algérien auquel je continue toujours de revendiquer fermement mon appartenance et que, raisonnablement, nul ne peut me contester.

Les Kabyles et le concept d’Etat-Nation
Au terme de cette profonde réflexion, je réalisai en fait, que nous les Kabyles, nous sommes parmi les Algériens les plus fortement aliénés par ce concept d’Etat-Nation et les plus fervents défenseurs « pavloviens » de cette pensée jacobine d’essence foncièrement colonialiste. Nous sommes ainsi pris dans notre propre piège : nous nous découvrons partagés entre le désir de reconnaissance de notre spécificité nationalitaire kabyle par l’Etat algérien, d’une part et notre irrationnel désir d’adhésion à un nationalisme mythique, un algérianisme outrancier, univoque et uniforme, façonné cependant selon nos propres repères, nos propres valeurs socioculturelles et notre propre conception politique de l’Etat ! Or, celui qui donne du contenu aux mots et du sens aux identités est celui qui détient le pouvoir qui nous est hostile. Où est alors la cohérence dialectique dans cette démarche pour le moins inconsistante ? Où est, chez nos adversaires, le respect dû à l’Autre, cette vertu cardinale que nous valorisons tant, en tant que Kabyles ? Où est chez les Algériens avec lesquels nous pensons devoir partager le même destin de citoyenneté, le scrupule du respect inconditionnel des différences culturelles et des valeurs qu’assument librement d’autres groupes et d’autres communautés humaines ? Que faire alors ? Doit-on continuer de réprimer implacablement nos pulsions identitaires et nos aspirations nationalitaires légitimes ? Doit-on, à ce prix, continuer à se complaire dans la vaste entreprise de dépersonnalisation mise en branle par le pouvoir et devoir accepter d’être déchus de notre dignité humaine comme au temps de la colonisation ? A quoi auront servi alors les innombrables et héroïques luttes multiséculaires de nos ancêtres acharnés contre les envahisseurs successifs de l’Afrique du Nord et celles de nos ainés contre le colonisateur français, ou encore celles plus récentes, de 1963 à ce jour ? Doit-on répudier froidement notre héritage identitaire multimillénaire sur l’autel et au nom d’une uniformité algérianiste, forcément réductrice ? Au nom d’un supranationalisme hégémonique, douteux et hypothétique qui, au bout de bientôt un quart de siècle, n’a même pas pu tenir la promesse de nous réconcilier avec nous-mêmes, allons-nous répudier notre dignité citoyenne et la plénitude de notre personnalité authentique ? Ce sont là des questions auxquelles tout Kabyle soucieux de préserver sa personnalité, sa langue, son identité et son héritage culturel ancestral pour sa descendance, est mis en demeure de répondre.

Nécessité de répudier le jacobinisme de l’Etat Algérien
Pour ma part, il devient désormais clair que le centralisme uniciste de l’Etat Algérien est un avatar de l’époque coloniale dont il faut se débarrasser au plus vite. C’est aujourd’hui une nécessité vitale, absolue. Et c’est précisément l’un des objectifs doctrinaux que vise le combat politique que mène actuellement le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie au sein d’une Algérie qu’il souhaiterait résolument plurielle. En effet, de par sa nature, le jacobinisme ne pourra jamais s’adapter à la mosaïque des peuples et des cultures qui emplissent nos terres nord-africaines, qui constituent l’ancienne colonie française, incidemment baptisée « Algérie ». Celle-ci en a gardé, après la libération, la même dénomination que lui voulurent ses ex-Maîtres. Il s’en fallut de peu qu’elle gardât les mêmes sceaux de souveraineté de tous points de vue : structure ethnologique, anthropologique, sociologique, linguistique, politique et historique de l’ensemble Nord-africain (Tamazgha). La libération totale et effective de cet ensemble algérien aurait dû devenir réalité immédiatement après le départ des Colons et restituer à l’ensemble de ses habitants autochtones, leur dignité humaine dont ils furent spoliés durant plus d’un siècle. Il aurait fallu également les réhabiliter dans leur personnalité identitaire, culturelle et politique en leur conférant pleine jouissance d’un digne statut de citoyen. Force est de constater que tel n’a malheureusement pas été le cas. Bien au contraire, les pseudo-citoyens algériens, y compris leurs plus hauts responsables politiques du pays, croyant s’être libérés du joug colonial, portent jusqu’à ce jour, bien inscrits sur leurs documents d’identité, des patronymes aussi fantaisistes que méprisants que les sinistres Bureaux Arabes coloniaux leur avaient, non sans arrogante moquerie d’ailleurs, arbitrairement assignés. Ces pseudo-citoyens de l’Algérie « indépendante », totalement dépersonnalisés se retrouvent dans un pays censé être le leur mais sans jouir de leur véritable identité, ni même des droits fondamentaux dont disposent tous les hommes libres de ce monde : les libertés individuelles, liberté de pensée, d’expression, de confession, d’association, de création artistique, de circulation, et surtout de choisir et d’élire souverainement leurs représentants et leurs responsables politiques. Ceux qui s’étaient emparés du pouvoir par trahison, alors que le peuple n’avait pas encore fini de défiler avec ses drapeaux dans les rues d’Algérie pour fêter sa soi-disant victoire, se sont substitués par des crimes de sang à l’ex-puissance coloniale. Ainsi, tout ce jargon des droits de l’Homme et leurs pendants, les libertés fondamentales, nobles attributs et synonymes de dignité humaine entière, n’est malheureusement devenu pour les pseudo- citoyens d’Algérie que littérature creuse.

Quand réalisera-t-on, enfin, que l’ensemble algérien ne pourra jamais être viable avec une organisation jacobine de l’Etat ? Quand est-ce que les Algériens réaliseront-ils que le jacobinisme est tout à fait incompatible, voire incohérent avec les réalités sociologiques, culturelles et linguistiques des peuples qui composent l’Algérie ? Refuser d’en prendre acte c’est donc assumer le fait de commettre le crime de décimer des communautés humaines entières, aux réalités culturelles bien spécifiques. Le centralisme étatique n’est d’ailleurs qu’un schéma d’organisation politico-administrative destiné à les opprimer pour les dépersonnaliser jusqu’à leur totale extinction, Le centralisme jacobin est un procédé « moderne », ou « civilisé » des génocides culturels. A peu près comme ceux qui veulent appliquer la charia et qui sont partisans de l’anesthésie pour amputer la main du voleur. De fait, le jacobinisme est une politique d’oppression, de dépersonnalisation et d’acculturation, une relique du colonialisme. Il constitue de ce fait un facteur d’agression permanent, endémique à l’encontre du peuple kabyle. A ce titre, son destin est d’être résolument combattu par des moyens politiques adéquats. Ainsi, nous le voyons, pour prémunir notre identité culturelle contre ce processus d’extermination qui ne dit pas son nom, pour sauvegarder notre dignité citoyenne pleine et totale, nous n’avons aucune autre alternative que de répudier le jacobinisme de l’Etat algérien tout comme cela a été conséquemment fait pour son géniteur, le colonialisme.

Affirmation du nationalisme kabyle
Si bien qu’aujourd’hui, il y a un fait que nul ne peut honnêtement feindre d’ignorer encore moins de nier : En Algérie, il n’y a pas une seule nation, pas plus qu’il n’y a qu’un seul peuple. Il est vrai cependant que pour des raisons stratégiques, les vicissitudes de l’histoire ont parfois amené ses diverses composantes à agir momentanément ensemble, à contracter des alliances conjoncturelles plus ou moins longues. Organiser la résistance dans des rangs unitaires pour combattre quelque envahisseur ou ennemi commun, poursuivre ensemble des objectifs ponctuels a été un fait récurrent de l’Histoire de l’Afrique du Nord. Cependant, il serait erroné d’admettre que les 7 années et demi de guerre contre l’ex-puissance coloniale française aient été suffisantes pour effacer et gommer toutes les spécificités identitaires et culturelles propres à chacune de ces entités que l’Histoire a mis plus de deux mille ans à façonner ! Cela relève d’un mythe, c’est une aliénation profonde que de le penser. Du au brassage multiséculaire d’une multitude de groupes de peuples venus de diverses longitudes et latitudes du globe tout au long de l’histoire multimillénaire nord-africaine, il en résulte plusieurs entités sociologiques, communautés et nations, chacune unie soit par une même langue, soit un même rite religieux, une même histoire régionale, ou tous ces éléments combinés, tel le cas du peuple kabyle précisément, qui a ainsi gardé une très forte spécificité historique et identitaire. Durant plus de deux millénaires, le peuple kabyle a résisté successivement aux Romains, aux Byzantins, aux Arabes, aux nombreuses dynasties musulmanes y compris à celles nées chez lui comme la Fatimide, aux Espagnoles, aux Turcs et aux Français jusqu’à 1871. Son destin aujourd’hui est de restaurer son autorité ancestrale sur son territoire. Malgré le brassage ininterrompu avec d’autres cultures, d’autres civilisations, l’usure du temps et les bouleversements politiques qu’il a connus à travers les siècles n’ont pu réussir à anéantir l’esprit unitaire, nationalitaire et de liberté chez chacun de ses habitants. Aujourd’hui, le nationalisme kabyle longtemps demeuré latent, sans cesse refoulé par ceux qui ont profondément intériorisé ce concept aliénant et létal d’Etat-nation, semble s’affermir au sein même de la jeunesse. Cependant, pour en parler, beaucoup d’intellectuels kabyles, souvent frileux ou soucieux de préserver un obséquieux conformisme, préfèrent plutôt user de l’ubuesque euphémisme « particularisme kabyle », non sans connotation péjorative d’ailleurs, là où, par honnêteté intellectuelle, par rigueur morale, ils devraient le désigner tout simplement par son nom. C’est là même une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de leur degré d’aliénation. Par le passé, il y a un peu moins d’un siècle maintenant, nos ainés avaient une maturité et un réalisme qui faisaient de la fin du colonialisme leur obsession et leur priorité absolue. Cela avait restreint leur champ de vision qui se retrouva amputé de leurs intérêts et de l’avenir des générations qui allaient vivre dans une Algérie indépendante. Nous ne pouvons que saluer leurs sacrifices et leur générosité et ce, en dépit de tout ce qui en a découlé comme conséquences dont nous pâtissons encore et ce temps perdu !

2. Le problème identitaire en Algérie, analyse critique : quelle solution ?

C’est désormais un anachronisme historique. Depuis la naissance du mouvement national (1926), nous tentons d’intégrer la dimension amazighe à la diversité algérienne, que ce soit dans les résolutions et statuts des partis nationalistes ou dans le corps doctrinal des textes fondamentaux de l’Algérie postindépendance. Ce faisant, nous nous montrions toujours les défenseurs zélés du concept de l’Etat-Nation. Plus opiniâtre et plus contradictoire que nous tu meurs ! A travers notre combat politique autant résolu que généreux, nous espérions parvenir un jour à démocratiser le pays, sans nous soucier à aucun moment si notre objectif était ou non partagé par les autres peuples et les autres régions de ce si vaste pays commun ! Ce fut une incohérence, voire une erreur monumentale ! Il est toujours malsain d’imposer ses valeurs à l’autre, on les assume soi-même ; il est toujours déplacé de prendre ses désirs et ses revendications pour ceux des autres y compris lorsque la différence n’est pas conçue comme un danger mais plutôt comme une richesse à partager. Ainsi, pour résoudre le problème des langues, nous demandions résolument que tamazight soit la langue de tous les Algériens, sans nous soucier pour autant si ces derniers partageaient cette aspiration. On se retrouve malgré nous dans une posture d’oppresseurs, une attitude similaire à celle du pouvoir qui impose l’arabe à tous les Algériens, et que nous sommes censés pourtant combattre ! L’autre illustration de nos chroniques inconsistances est la revendication du triptyque identitaire, politiquement formulé par nous-mêmes, les Kabyles, et fait d’un montage identitaire de compromis à travers lequel nous tentions de faire une place à notre « composante amazighe ». Ce bricolage identitaire était dès le départ voué à l’échec pour au moins deux raisons. La première est que, nous-mêmes, nous n’avons jamais été prêts à assumer l’arabité, voire même l’islamité pour certains d’entre nous, comme un élément constitutif de notre identité. La deuxième fait que notre kabylité était sacrifiée sur l’autel du générique qu’on appelle « amazighité » ! Comment fut-ce possible ? Il est difficile pour les Algériens et en particulier nous les Kabyles de concevoir que nous puissions dans un même Etat-Nation cohabiter avec d’autres peuples quand rien ne nous unit, quand nos identités respectives nous opposent. Il apparait donc clairement que la seule solution envisageable pour cette problématique réside simplement dans le rétablissement du peuple kabyle dans sa spécificité identitaire propre à lui : Taqbaylit (intraduisible en français) en laissant toute la latitude aux autres citoyens algériens de se définir eux-mêmes comme ils l’entendent. Soulignons ici que le seul élément Taqbaylit renvoie, dans la langue kabyle, à un syllogisme identitaire complet.

En effet, à lui seul, il englobe toutes les spécificités identitaires kabyles. On lui rattache à la fois :
- 1 - la langue kabyle
- 2 - l’ensemble des valeurs sociales et code d’honneur kabyles, traduit quelquefois par « kabylité ».
- 3 - la femme kabyle (matrice génitrice, féconde et gardienne de ses valeurs ancestrales)
- 4 - et enfin, le pays, la KABYLIE, comme le chantait entre autres, feu MATOUB Lounès dans « W’akka i m-d-yessawlen », album édité en 1980 :
Kker a Taqbaylit Sbedd lqedd-im
Zig macci d targit Iban-ed yisem-im,
……
Ssendjaq yuli deg igenni ad yettrefrif.
Xas isah yezri newwi-t-id s nnif
……
W’akka i m-d-yessawlen d arraw-im ay-en

3. Unité territoriale et unité historique de la Kabylie Unité territoriale de la Kabylie

Au début du 20ème siècle, Boulifa décrivait le territoire de la Kabylie en ces termes [1]. Du point de vue géographique déjà, la chaine du Djurdjura, décrivant un arc de cercle, partant de Cap Djinet près du col de Tizi n’At Aicha (Thenia) à l’Ouset jusqu’au piton Yemma Gouraya qui domine Bgayet à l’Est constitue un rempart hermétique isolant la Kabylie du reste de l’Algérie en lui conférant une certaine unité territoriale. Par ailleurs, dotée d’un système de ramifications continues et régulières, celui-ci a de tout temps protégé, le pays et ses habitants Iqvayliyen (Izwawen, Kabyles), sédentaires depuis au moins deux millénaires, contre toutes les incursions possibles du dehors. Du coté du Nord, une série de chainons parallèles au littoral complète cette protection ; quoique d’une altitude moins élevée que la chaine-mère, leur masse, également peu accessible, se présente comme une muraille, un rempart qui s’oppose aux moindres tentatives d’empiètements extérieurs aussi bien des hommes que des éléments. Cette configuration géographique confère donc l’unité territoriale à la Kabylie. Tout au long de l’histoire, la Kabylie se fut toujours présentée comme une ile inabordable, une région qui restera longtemps fermée à la curiosité et aux convoitises de l’étranger ou du conquérant. Ainsi protégés par leurs montagnes, auxquelles ils s’attachent intensément, les habitants de ces hautes régions eurent la bonne fortune de se prémunir et de préserver leurs caractères identitaires spécifiques du joug et de la corruption multiforme de l’étranger pendant de longs siècles.

Unité historique de la Kabylie
La Kabylie, jalouse sans doute de son identité, de sa liberté, de ses intérêts et de son indépendance, résistant à toute pénétration extérieure d’allure même pacifique, vécut libre durant sa longue histoire, échappant aux agressions, à la violence et la domination des divers conquérants de l’Afrique du Nord jusqu’à cette fatidique année 1871, date où elle fut déchue de sa souveraineté. La Kabylie, défaite en 1871, vit jusqu’à nos jours sous humiliation. Ses habitants furent systématiquement expropriés de leurs terres et déchus de leur personnalité, leur identité et leur honneur flétris, notamment en 1895 ; ses notabilités et ses responsables politico-religieux furent sommairement et physiquement éliminées. Certains furent contraints à l’exil forcé ou carrément déportés outre-mer (Nouvelle Calédonie). La langue Kabyle fut progressivement persécutée (jusqu’à être interdite dans l’enceinte des premières écoles), les spécificités socioculturelles du peuple kabyle et ses institutions villageoises furent petit à petit mises de côté. Leurs constitutions ne furent plus reconnues. Pour coiffer le tout, la Kabylie, bien que s’étant montrée toujours solidaire de l’ensemble algérien, demeurait depuis cette date toujours marginalisée et méprisée politiquement par tous les pouvoirs centraux qui se furent établis à Alger, que ce soit sous le régime colonial ou après « l’indépendance ». Nous n’avons vécu, depuis, que sous des pouvoirs spoliateurs de la souveraineté populaire.
Par ailleurs, c’est à peu près, à partir de cette année 1871 qu’il convient de dater l’irruption du phénomène d’émigration au sein de la société kabyle. Ses habitants, faute de collaborer avec le pouvoir central, furent en effet contraints de s’expatrier de la Kabylie, fuyant la répression et les mesures coercitives avilissantes de l’occupant. Ils ont migré vers des horizons plus cléments en se disséminant en diasporas un peu partout à travers plusieurs régions d’Algérie ou de l’Afrique du Nord d’une façon générale, et même outre-mer. En somme, ce furent des conséquences désastreuses inéluctables qui sanctionnent toujours toute perte tragique de souveraineté politico-territoriale par un peuple aimant la liberté. En effet, pour revenir à son histoire, il faut sans doute bien souligner que les trois siècles de la domination turque en Algérie ne parvinrent nullement à ébranler l’indépendance des Kabyles. A l’instar de leurs ancêtres, ceux-ci ont su résister à l’envahisseur en défendant leurs libertés, en protégeant leur culture, leur langue, leurs traditions et leur cohésion contre toute ingérence étrangère. Si certaines tribus de la basse Kabylie ont subi l’influence politique des conquérants turcs, sous prétexte de l’Islam, en revanche aucune d’elles n’a définitivement accepté leur loi et encore moins adopté leur langue, leur rite religieux ou leurs coutumes.
Voici ce que nous encourrons en confiant aveuglément notre précieuse souveraineté à un pouvoir central corrompu jusqu’aux os, comme ce fut le cas jadis, à l’époque de la Régence d’Alger, avec le pouvoir corrompu de l’Odjak. En effet, devraient-on rappeler qu’une fois l’ennemi français débarqué sur nos rivages, l’armée des Janissaires et des yoldaches se fut si promptement volatilisée et ce fut aux farouches et valeureux Izwawen (Kabyles) qu’on fit appel pour faire face aux bataillons de l’ennemi bien armé et très bien entrainé à la bataille qu’il avait méthodiquement préparée ! En effet, le 14 juin 1830, au matin, le maréchal de Bourmont débarqua à Sidi Fredj avec pas moins de 40 000 hommes. Le 19 juin, lors de l’unique bataille de Staoueli, les troupes françaises prennent l’avantage sur l’armée des kabyles. Cette défaite des kabyles ne fut possible qu’à cause de l’absence de logistique que le Dey ne leur avait pas assurée en cette contrée étrangère pour eux. Pire, les combattants Kabyles se retrouvent pris entre deux feux ! Le Dey avait en effet promis une forte récompense pour toute tête de Roumi tué, et ce sont des Kabyles, au faciès européen, que les hordes des Janissaires se mirent à tuer pour encaisser les primes promises par la Régence Turque d’Alger. Le 5 juillet, les troupes françaises occupent Alger et, le jour même, le dey Hussein signe l’acte de capitulation, non sans ménager ses intérêts bassement personnels. Il s’était assuré de conserver ses biens personnels ainsi que son droit à l’exil vers le lieu de son choix. Les caisses de ce qui reste comme État seront bien entendu pillées et il quitte définitivement, sans le moindre remord, le pays avec sa famille à bord d’un navire français à destination d’un port italien. Le 11 juillet 1830, 2 500 janissaires d’Alger sont expulsés pour l’Asie Mineure. Ainsi, nous le voyons, après 313 années, sans la moindre peine, les Turcs abandonnent cette « Algérie », qui ne fut jamais leur patrie, pourtant un pays qu’ils ont gouverné depuis plus de trois longs siècles !!! Le souvenir du désastre de cette tragédie, notamment de la malheureuse défaite de Staoueli du 19 Juin 1830 est encore vivace dans la mémoire kabyle. Elle fut l’unique bataille à laquelle furent confrontés les soldats français et elle fut livrée par les braves Zouaves (Izwawen, Kabyles) avant la chute d’Alger et la capitulation du Dey Hussein le jour même ! Pris au dépourvu et cueillis à court d’armes et de munitions, aux portes d’Alger en juillet 1830 ils durent laisser sur le carreau des milliers de morts [2]. Ainsi, au moment où l’hideuse occupation coloniale française progressait et s’étendait sur tous les territoires abandonnés par les indus occupants Ottomans, et par la faute de ce pouvoir turc corrompu et traître, la Kabylie fut prise au dépourvu. Elle n’avait pas encore réussi à trouver un moment de répit et de paix pour se consacrer à l’édification institutionnelle de son Etat. Ce fut ensuite l’inéluctable bataille d’Icherriden au printemps 1857 qui consacra la supériorité militaire française sur la Kabylie et le prix que les Kabyles durent payer, à cause de leur absurde imprévoyance politique, fut exorbitant. A la longue, la Kabylie cesserait un jour d’exister en tant qu’entité nationalitaire séculière !

4. Le fait religieux et la laïcité en Kabylie face au péril de l’islamisme politiqueLe fait religieux en Kabylie

Commençons cette analyse par l’invocation des faits saillants de l’histoire de la Kabylie. Les confédérations villageoises kabyles, d’essence foncièrement républicaine étaient si bien assises sur un fondement social autonome des plus solides qu’elles étaient satisfaites de leur mode de fonctionnement selon une organisation sociopolitique propre à elles et librement consolidée par la pratique et l’usage au fil des siècles. Ni la famille, ni la cité ne voulurent prêter l’oreille à toutes sortes d’innovations que les puissances dominantes successives ne cessaient de leur proposer d’adopter, car celles-ci furent perçues comme étant dangereuses, susceptibles d’ébranler et de porter atteinte à cet équilibre séculier, devenu naturel pour la société kabyle. Ainsi, sur le plan religieux, la Kabylie avait fini par avoir un islam spécifique majoritaire, adapté à sa conception de la spiritualité et de la temporalité. On l’appelle d’ailleurs l’islam kabyle. Il est aujourd’hui la cible de divers prosélytismes religieux auxquels la Kabylie a toujours opposé une résistance très vive tout le long de son histoire. Nous devons rappeler un fait indéniable sur lequel se fonde notre propos. En effet, il est notoirement connu que sur le plan juridique, les seules lois d’essence islamique qui furent admises par toutes les confédérations villageoises kabyles, respectées et harmonieusement intégrées par leur société, furent uniquement celles qui étaient conformes à l’esprit et à la lettre des Kanouns séculiers, (l’Azref, le Droit coutumier, proto-constitution), souverainement établis par Tajmayt (l’Assemblée du village). Dès lors que son droit coutumier lui donnait entièrement satisfaction, Tajmayt continuait résolument à méconnaitre toutes les autres dispositions et exigences juridiques du Coran car jugées incompatibles avec leurs Kanouns.

Le laïcisme, valeur ancestrale du peuple kabyle
Devant une telle opposition aussi catégorique, la loi coranique (Charia) se trouva donc impuissante à s’implanter dans la cité kabyle. Le caractère théocratique de la législation musulmane ne pouvait alors s’allier avec l’esprit essentiellement républicain et laïc du peuple kabyle. Les grands bouleversements induits par l’arrivée violente de l’islam en Tamazgha n’avaient pas pu affecter profondément la Kabylie et ce principe séculier. La loi foncièrement laïque du peuple kabyle ne toléra, dès le début, aucun empiétement sur son domaine social et politique. Ainsi, ni le régime féodal, ni le régime théocratique auxquels les Turcs essayèrent, à partir du XIe Siècle, de les soumettre, par l’influence de quelques personnages religieux, ne purent supplanter définitivement les coutumes et traditions kabyles antiques [1]. Bien plus, les confédérations villageoises kabyles, basées sur l’esprit républicain et démocratique et sur leur amour irréfragable de liberté, ont su préserver l’essentiel de leurs traditions et leur culture, survivre aux dures et longues périodes d’agitation et d’anarchie qui secouaient régulièrement le reste de l’Afrique du Nord. Armé d’un esprit réfractaire à toute sujétion étrangère, voulant toujours jouir du maximum de sa liberté, animé par son génie et sa volonté de fer, le Kabyle a toujours défendu résolument le régime républicain légué par ses ancêtres. Les influences d’essence autocratique ou théocratique qui purent se constater par certaines périodes dans la vie sociale des Kabyles ne sont que des compromis stratégiques de survie, des accidents dont l’histoire n’ignore pas les raisons et les origines.
Pour conclure ce bref survol de l’histoire, nous devons rappeler également un fait beaucoup plus récent qui remonte seulement aux premières élections pluralistes de l’Algérie postindépendance, en juin 1990, plus précisément. En effet, la spécificité sociopolitique laïque de la Kabylie fut mise en évidence d’une manière éclatante que nul ne peut raisonnablement contester. Alors que le principal parti islamiste algérien de l’époque prônant avec véhémence l’instauration d’une république théocratique islamique en Algérie, triomphait magistralement sur tout le territoire algérien, en Kabylie, le peuple Kabyle s’est prononcé nettement contre lui, en votant pour le seul parti politique en lice qui prônait résolument le projet républicain, démocratique et laïc. Cela s’était répété aux législatives de décembre 1991. Quel meilleur argument que celui-ci pourrait-on opposer à ceux qui continuent de nier absurdement la spécificité sociopolitique, le fait religieux et le laïcisme de la Kabylie au sein de ce vaste ensemble algérien ? En vérité, l’unique explication pertinente de ce comportement vient du fait qu’en s’islamisant, tout en sauvegardant sa langue ancestrale, le Kabyle n’a pris de l’islam que ce qui est conforme à l’esprit laïc et républicain de ses lois et de ses traditions socioculturelles séculières. Ce faisant, on peut dire que le Kabyle s’est majoritairement islamisé sans rien renier de lui-même.

L’irruption de l’islam politique dans l’ensemble algérien
Examinons maintenant les menaces récurrentes d’agression qui planent sur la spécificité sociopolitique et culturelle de la Kabylie, résultant notamment de l’ingérence de la religion dans le champ politique. Soutenue et encouragée par les structures institutionnelles du pouvoir central, la religion est instrumentalisée au service de la politique. L’origine de la crise algérienne de ces trente dernières années est justement le fait de l’irruption de l’intégrisme islamiste sur la scène politique. Pourtant, il est bien connu que le fanatisme et le fondamentalisme, de quelque religion qu’ils soient, ne conduisent qu’à des résultats négatifs. Les tyrannies religieuses du Moyen-âge ne menèrent les peuples, en Europe ou en Afrique du Nord, qu’à la barbarie dont les effets ont été néfastes au progrès et à la civilisation du genre humain. Le fondamentalisme et le fanatisme sont pour ainsi dire des pathologies religieuses aux effets dévastateurs. Ils conduisent le peuple qui en est atteint à sa déchéance et à l’avilissement de ses valeurs de liberté, de justice, de tolérance, de création…. Nous en savons quelque chose en Algérie à la fin de ce 20ème siècle ! Il est bon de diagnostiquer ici brièvement l’origine de ce mal.

Pourquoi la Kabylie est demeurée à l’abri de cette pandémie dévastatrice ?
En effet, nous devons souligner que cette dangereuse pathologie qu’est l’islam politique hégémonique en Algérie, même promu par les structures de l’Etat-Nation, ne s’est pas encore répandue en milieu kabyle. Cependant, s’il venait à s’y implanter il menacerait dangereusement la cohésion et la paix sociales du peuple kabyle. Mohammed Arkoun, l’imminent islamologue kabyle de notoriété internationale, nous a suffisamment éclairés sur l’origine et la propagation de ce fléau [4]. En effet, le fondamentalisme religieux en général est basé sur un postulat archaïque selon lequel toute forme de connaissance scientifique qui introduit un regard purement historique, sociologique, linguistique, anthropologique et critique sur la croyance orthodoxe et les rites qui l’expriment, doit être à priori écartée. Il refuse dès lors de s’interroger. On devine alors ce que devient toute religion quand elle renonce aux exigences intellectuelles et scientifiques de la raison. Les dérives fanatiques dont on parlait ci-dessus aliènent profondément les rapports qu’entretient le citoyen avec lui-même déjà. En Algérie, l’intégrisme religieux nourrit les violences politiques après avoir poussé à la disparition des codes socioculturels traditionnels assimilés dès l’enfance, dans le cadre des cultures orales. Ces codes ont été remplacés par des dogmes nouveaux, soit par l’école publique pervertie (expurgée de sa mission d’éducation, du sens civique et de l’esprit critique) soit par la mosquée (dévoyée de sa mission spirituelle pure). Libre cours fut donné à un prosélytisme débridé et à la diffusion d’un islam caricatural, outrancier, réduit à des expressions rituelles, à des formules sans lien avec son patrimoine intellectuel, culturel, moral et spirituel. C’est donc un islam badigeonné de toutes les perversions qu’on tient soigneusement à l’écart de tous les acquis émancipateurs, pourtant incontournables et vivificateurs, de la modernité. La Kabylie fut épargnée de ce fléau du fait que ses mosquées, même avec des imams spécialement nommés pour la contaminer et la gangréner, sont encore gérées selon la tradition respectant le code kabyle ancestral. À cet égard, la comparaison avec le parcours du christianisme en Occident face à la modernité, le pendant de la Renaissance, et aux révolutions scientifiques du « Siècle des Lumières » est très instructive. Ainsi l’islam en Algérie, en tant que profession de foi avant tout, se trouve depuis l’indépendance pris en otage à l’intérieur même des structures de l’État. Pouvoir et Opposition refusent toujours de suivre l’exemple de l’Église qui garde le monopole de l’autorité morale et spirituelle sur la société sans pour autant s’exposer, comme elle l’avait fait pendant de longs siècles du Moyen-âge, aux compromissions et aux errances qui sont le propre de tout pouvoir temporel. C’est cela le concept du laïcisme kabyle dont il est fait référence précédemment, que vous l’appeliez autrement ne change rien à la nature de ce fait religieux.

La Kabylie s’oppose farouchement à l’islam politique
Voyons, en revanche, ce qui se passe dans un pays comme l’Iran, auquel aime souvent s’identifier l’Algérie officielle. La Révolution « islamique » de Khomeiny a opté pour l’histoire à rebours de celle ouverte par les Révolutions anglaise, américaine et française. Cette inversion des temporalités historiques par la pire violence politique au nom d’une religion, a plongé le monde actuel dans des guerres absurdes et sans issue visible favorable à la condition humaine. C’est là une voie que la société kabyle refuse obstinément d’emprunter. A cet égard, la Kabylie a constamment refusé cette impasse historique où prédomine la violence idéologique sur une base religieuse (voyez l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Algérie, etc.). Bien plus ! De tout temps la Kabylie s’est opposée à l’étatisation de la religion. L’islam soumis à une surenchère meurtrière n’est qu’un bricolage idéologique. En ayant pour base l’antikabylisme, il a généré l’union sacrée de l’État algérien avec des catégories sociales aliénées, il s’est lancé dans des guerres d’une autre époque. L’effondrement de l’idéologie prolétarienne a réactivé parmi les partisans de l’islam politique l’espoir d’un nouveau Califat mondial. Ils font leurs les promesses de l’eschatologie classique mais en la vidant de la foi à laquelle ils substituent, par des récits aussi faux que brouillons, des fantasmes idéologiques.
Ceux-ci sont injectés dans de frêles cerveaux d’innocents écoliers à travers l’école et la télévision. Ils sont aussi nous retrouvons dans les sermons hebdomadaires des mosquées, toutes contrôlées justement par le Parti-Etat-Nation (Pouvoir et Opposition confondus). Ces discours de la haine du Juif et du Chrétien auxquels est assimilé le Kabyle, sont aussi relayés dans les conversations courantes, dans les discours « élitistes », dans la littérature de bas étage et jusque dans les cassettes charlatanesques vendues à même les trottoirs… Le Parti-État-Nation qui avait exercé le monopole du contrôle sur l’islam comme “combustible politique fécond”, quelque peu dépassé sur le terrain de la légitimité par les leaders islamistes qu’il a lui-même fabriqué et crédibilisé, est désormais contraint de se livrer lui aussi à la surenchère islamiste et au racisme antikabyle. Le résultat en est que, dans le dos du peuple kabyle devenu l’adversaire commun, les couteaux sont en train de s’aiguiser.

L’affirmation du laïcisme ne peut se faire que dans le cadre d’une Kabylie autonomeQue pouvons-nous en conclure ? Si nous sommes aujourd’hui déterminés à revendiquer l’autonomie de la Kabylie, plus que nous ne l’avions fait naguère, c’est surtout par souci de prémunition non seulement de la Kabylie mais de l’ensemble de Tamazgha de ces effets pervers que suscite ce fléau ravageur. Il s’agit avant tout de préserver notre Kabylie ancestrale de cette fatale pandémie fanatique qui semble atteindre tous les états musulmans. L’islamisme dont nous devons nous prémunir risque de nous emporter les uns après les autres vers la déliquescence à travers un processus inexorable d’extinction. La Kabylie est trop chère pour que nous consentions à la laisser à la merci de l’impéritie et l’incurie d’un pouvoir central corrompu jusqu’à la moelle et faisant table rase de tous les idéaux de patriotisme avec une ahurissante irresponsabilité. Si donc l’histoire des religions nous conforte dans cette idée, elle ne nous en apprend pas moins par sa rationalité, son esprit critique et sa méthode discursive que la foi n’est pas toujours vérité absolue et qu’une croyance aveugle, coupée de sa raison, ne mène qu’à l’intolérance et au sectarisme. Ceux-ci sont des signes précurseurs de notre inéluctable décrépitude et de l’avilissement irrémédiable de notre pensée, moralement et intellectuellement. Ainsi, l’affirmation du laïcisme dans le cadre d’une Kabylie autonome apparait comme une exigence historique. Ainsi, les facultés de l’esprit – raison, imagination, imaginal, imaginaire, mémoire personnelle et mémoire collective – demeurent toujours en éveil, vigilantes, accueillantes à toutes les données qui tissent le passé, le présent et le futur des hommes en société. Car la Kabylie compte faire prévaloir cette valeur ancestrale perçue comme hygiène de l’esprit. En ayant son autonomie, la Kabylie préservera ses droits, ses libertés et sa vocation à la connaissance sans cesse partagée, revisitée, soumise à confrontation, testée continuellement dans sa validité, car évolutive face aux épreuves du temps. A l’instar des idées, la spiritualité et la manière de la vivre doivent évoluer avec le temps. « Fides quaerens intellectum » (la foi en quête d’intelligence), répète l’adage théologique chrétien ; je rappelle cette formule pour souligner que, dans l’islam pris en otage par trop d’extrémistes, il n’y a ni théologie, ni philosophie ou toute autre éthique de la connaissance nécessaire dans toute pratique responsable des sciences de l’homme et de la société. Un peuple aliéné, car infecté par le virus du fondamentalisme, se retrouve irrémédiablement condamné à l’atrophie qui l’empêche de se développer et de s’épanouir. Un peuple animé par cette maladie intégriste ne pourrait survivre longtemps et sa dégénérescence devient inéluctable. Il faut en prémunir le peuple kabyle !

Aujourd’hui, après avoir héroïquement libéré l’Algérie de la domination et du joug colonial français, étant dotée de qualités et de richesses humaines parmi les plus remarquables, la Kabylie ne peut plus vivre entravée, assujettie à cette humiliation d’un autre âge. En effet, pour reconquérir son indépendance, elle s’employait à toujours aller par des voies difficiles, des sentiers sans issue. Elle est à ce jour en quête de sa liberté perdue en cette année fatidique de 1871, l’année de la révolte (aseggwas n tnekkra). Ce faisant, privée de son autorité, elle n’a fait que reproduire les mêmes erreurs, les mêmes tragédies avec leur lot d’infortunes et de désillusions. La répression à laquelle elle s’expose depuis 1962 est toujours suspendue comme une épée de Damoclès au dessus de sa tête. Ce pouvoir ne manquera pas de lui rendre la vie encore plus laborieuse, plus pénible qu’elle ne l’a jamais été ! Alors, Basta ! De cette vie de déchéance, de prison à ciel ouvert, la Kabylie n’en veut plus ! A chaque fois, elle frôle de justesse son extinction, sa dissolution irréversible dans une nébuleuse arabo-islamiste. Les apothicaires apprentis-sorciers de ce pouvoir charlatan et intégriste, inculte et méprisant les réalités socioculturelles kabyles, ne cessent de s’évertuer à synthétiser une forme de « lotion magique » pour dissoudre la Kabylie !

Aujourd’hui, la nécessité de survie de la Kabylie nous interpelle plus que jamais. Nous ne voulons plus sombrer dans les limbes de l’histoire moyenâgeuse, à cause de l’impéritie du pouvoir central. Nous sommes mis en demeure de se réapproprier nos valeurs ancestrales protectrices d notre tissu social, restaurer et reconquérir plus d’espace, mais surtout plus de liberté, notre unique sève nourricière. A l’aube de ce troisième millénaire, prenons les devants. Un ennemi d’un genre nouveau, la mondialisation, est au seuil de nos foyers, dans les villages les plus reculés aux confins de nos montagnes. Cette adversité galopante charrie dans son sillage la menace grandissante de notre désintégration. Si nous n’y prenons garde, si nous ne nous donnons pas les moyens appropriés et les instruments efficaces pour nous en prémunir, elle ne fera de nous qu’une bouchée. L’heure est grave !

5. L’autonomie de la Kabylie est une nécessité historique pour un nouveau départ

Nous voyons alors qu’après un examen minutieux de la question relative à l’entité kabyle, du point de vue politique, identitaire, sociologique, religieux, culturel et géostratégique, tous les arguments invoqués plaident d’une manière incontournable pour la nécessité de l’instauration en Kabylie d’un Etat régional doté d’une large autonomie et rattaché à l’ensemble algérien, son milieu naturel. Les valeureux fils de Kabylie doivent se sentir tous interpellés pour la concrétisation de cet objectif sur le terrain. Ils sont sommés par l’Histoire de riposter efficacement, dans l’unité des rangs, comme un seul homme. Les Kabyles devraient donner libre cours à toute leur intelligence, en multipliant leurs activités régénératrices et vivifiantes dans tous les domaines de la civilisation contemporaine. Et qu’importe si d’aucuns, au sein même de l’ensemble algérien, par esprit d’égoïsme ou de jalousie bien étroit, trouvent déjà notre entreprise trop ambitieuse, débordant les limites qu’ils lui auraient arbitrairement fixées. Car ce faisant et à coup sûr, les fils de la Kabylie ne manqueront pas demain de se faire vite distinguer dans le concert des nations. Ainsi, l’activité et le renouveau kabyles susciteront la juste reconnaissance qui leur fait défaut, particulièrement dans le bassin méditerranéen, eu égard à leur précieuse et incontestable contribution au progrès de l’Occident dont désormais ils sont partie intégrante. En effet, la dimension méditerranéenne par excellence du peuple kabyle devra être soulignée et affermie davantage. Car la société kabyle est, pour le sociologue Pierre Bourdieu, un véritable conservatoire de l’inconscient méditerranéen et sa tradition culturelle constitue "une réalisation paradigmatique de la tradition méditerranéenne". Son histoire est imbriquée avec celles des peuples méditerranéens. Sa culture et sa langue portent les influences de plusieurs cultures, phénicienne, latine, grecque, arabe, française…. L’inverse est également vrai. Le peuple kabyle doit naturellement s’inscrire dans toutes les dynamiques méditerranéennes et entretenir une relation privilégiée avec les peuples de la Méditerranée, creuset des grandes civilisations que compte l’humanité.

Cependant, cela relève même d’une loi dans l’évolution de l’être humain, le labeur et l’intelligence sont les seules conditions essentielles à tout homme qui aspire à l’émancipation, au bien-être et au progrès. Admirablement doué par la nature, le Kabyle, comme tous les êtres humains, a le droit et le devoir de chercher à perfectionner sa vie culturelle, économique et politique, de faire en sorte que tous ses efforts tendent vers la réalisation de son idéal civilisationnel ancré dans son patrimoine ancestral. Aujourd’hui, comme autrefois, les bienfaits et les acquis de la modernité, à l’accomplissement desquels il a cependant pris une part active, en Algérie ou sous divers cieux à travers le monde, ne laissent guère insensible sa patrie : La Kabylie. Engagée résolument et audacieusement dans cette voie de l’abolition du centralisme jacobin de l’Etat, relique du colonialisme français, la Kabylie est plus que jamais déterminée à affronter son destin. Elle doit se consacrer entièrement à la promotion de son indépendance socioculturelle et à la construction de sa propre économie moderne. Elle ne doit plus compter sur l’économie rentière du pouvoir central. Celle-ci est non seulement évanescente mais pernicieuse. En effet, la Kabylie, consciente de la force et de l’envergure de ses ailes, avide d’espace et de liberté, peut en toute sécurité quitter la cage dans laquelle on a de tout temps cherché à l’enfermer comme une bête féroce, en voie d’extinction, bien que trop exiguë pour la contenir. Elle a à s’envoler de ses propres ailes vers des horizons de liberté. Cette alternative bienfaitrice pour elle-même n’est pas incompatible avec l’ensemble algérien auquel elle pourra demeurer loyale, et solidaire comme ce fut le cas durant bien des épreuves à travers les tourments et les caprices de l’Histoire.

Voici, pour les Kabyles, quelques objectifs immédiats atteindre dans le moyen terme :
1- Se reconstruire en tant que nation porteuse de ce qui leur est spécifique : langue, institutions, histoire, coutumes et valeurs, mythes…

2- Se recentrer sur ce qui leur est propre, en prônant les valeurs positives comme la démocratie directe et participative de Tajmayt (Assemblée villageoise), l’autonomie comme mode d’organisation, la solidarité, l’égalité, la bonne gouvernance, le respect des lois et la dignité humaine, et en s’ouvrant sur certaines valeurs actuelles, nécessaires pour avancer avec toute l’humanité acquise au progrès, en trouvant de justes mesures pour intégrer les femmes, la jeunesse. Les notions de libertés individuelles seront les conditions de leur pérennité.

3- Créer de nouveaux espaces politiques culturels, économiques, sur leur propre territoire, devrait se conjuguer avec la recherche de collaboration avec d’autres ensembles ou parties de l’Algérie et du monde, méditerranéen notamment,
Ce n’est pas un repli sur nous-mêmes que nous recherchons, bien au contraire. Les individus comme les peuples fragilisés ont tous besoin, ponctuellement, de retrouver leurs repères pour se restructurer et reconstituer leurs forces. Toutefois, une fois cette étape franchie, nous pourrons avoir assez de capacités pour nous ouvrir sur les autres et nous enrichir à leur contact, sans risque de nous désintégrer.

En retrouvant leur personnalité, les Kabyles reconstitueront les liens et le ciment de leur communauté et pourront parler enfin en termes de droits et de destin collectif avec les autres.
Par conséquent, c’est parce qu’elle est mue par son charisme d’avant-garde nord-africaine, de matrice génitrice de modernité et de progrès, que la Kabylie prône aujourd’hui résolument son autonomie régionale. La Kabylie, de l’Etoile Nord Africaine d’Amar Imache et ses camarades jusqu’à nos jours, s’est de tout temps distinguée par son atavisme et son attachement invétéré à la générosité et la solidarité à l’égard des autres composantes nord-africaines. Elle entend toujours respecter scrupuleusement la dignité des autres dans le respect de chacun à sa souveraine autodétermination à choisir librement le destin qu’il estime être approprié à sa société, sans pour autant que ce choix ne vienne s’imposer arbitrairement au peuple kabyle. La Kabylie est libre de définir de son coté souverainement les nouvelles perspectives qui lui paraissent historiquement viables et cohérentes avec ses caractères identitaires et civilisationnels (langue, histoire, institutions, valeurs, culture, coutumes et mythes…) afin de façonner elle-même son devenir pour être pleinement maitresse de son destin. Cette démarche sera à même de lui garantir son plein essor, tout comme celui de l’ensemble nord-africain. Car la Kabylie a de tous temps été (et elle le demeurera toujours) ouverte à l’amitié, à l’hospitalité et à la solidarité avec les peuples. En effet, son amour inné pour la liberté, ses luttes constantes et immémoriales pour l’indépendance, la défense et la sauvegarde de la dignité humaine, ses compétences et ses aptitudes travail, son amour pour l’ordre, ses qualités faites de loyauté, de prévoyances et d’organisation, son tissu social solidaire… permettent de lui prédire, dans cette voie d’émancipation, une évolution à une vitesse vertigineuse et la certitude chevillée d’un avenir brillant au sein du bassin méditerranéen. Pour peu que son peuple consente aux sacrifices qui lui sont demandés en ce domaine et fasse résolument sienne cette ancestrale ambition de vivre en peuple libre épris de paix et de solidarité avec son environnement géographique et politique. Cependant, souvenons-nous en : L’autonomie ne se demande pas, ne se revendique pas et ne se décrète pas : Elle se construit avec détermination, patience et persévérance, abnégation et conviction. Ce à quoi nous nous attelons résolument.
Il s’agira alors d’un nouveau départ que tous les Kabyles patriotes espèrent et attendent. Celui-ci ne manquera pas d’ouvrir de nouvelles perspectives, ô combien attrayantes pour cette autonomie d’où, le moindre doute, viendra le salut de la Kabylie et de ses enfants. Car, en définitive, c’est à partir de ce concept que nous pourrons vraiment envisager de bâtir une démocratie authentique et durable autour de nous.

Dahmen At Ali,
Militant de base du MAK

Références et notes :
- 1. Si Amar Boulifa, « LE DJURDJURA à travers l’histoire, depuis l’Antiquité jusqu’en 1830, Organisation et in dépendance des Zouaoua (Grande Kabylie) », Alger, J. Bringau, 1925.
- 2. Hamdan ben Othman Khodja, « L’Aperçu historique et statistique de la Régence d’Alger : Le Miroir », publié à Paris, en octobre 1833, directement en langue française. Il a été réédité à Paris par les éditions Sinbad en 1985. Son auteur, Hamdan ben Othman Khodja, un Kouloughli (fils d’un Turc et d’une autochtone, est un notable de la Régence d’Alger, riche propriétaire terrien et négociant, proche de l’entourage du Dey. Les fausses allégations que comporta cet ouvrage, qui a été par ailleurs réfuté par le Maréchal Clauzel, nous édifient à plus d’un titre de la prévarication outrancière et de la décrépitude de du pouvoir des corsaires d’Alger. En effet, une lecture sereine et objective de cet ouvrage historique, et surtout du récit qui en est fait par l’auteur est révélateur à plus d’un titre de la profondeur du gouffre qui sépare les préoccupations réelles des derniers gouverneurs Turcs de la Régence d’Alger des aspirations patriotiques sincères et loyales du peuple kabyle. A travers ses pages, une brève lecture vous donne vraiment froid au dos et vous édifie de l’innommable mépris et la condescendance outrageuse réservés aux Kabyles par ces envahisseurs étrangers, combien même musulmans de confession. Nous saurons à travers ce témoignage incontestable, écrit par une personnalité éminemment influente du pouvoir des deys d’Alger, qu’au cours des pourparlers de négociation de la capitulation, les gouverneurs turcs étaient en fait occupés à sauver bassement leurs biens matériels, leurs intérêts personnels et quelques dividendes à travers leur collaboration avec les nouveaux Maîtres d’Alger. On découvrira avec effroi, qu’ils furent empêtrés dans une obséquieuse mesquinerie la plus dégradante et la plus vile, plutôt que de se préoccuper du sort des malheureuses populations autochtones opprimées et rackettées pendant plus de trois siècles. Ils ne feignirent encore moins d’invoquer ou de tenter de faire prévaloir une quelconque justice internationale ou souveraineté imprescriptible sur ce qu’ils considéraient dans leurs écrits être « leur peuple », professant pourtant la même religion qu’eux et qu’ils sont soi-disant censés administrer et protéger ! Malgré tous ces témoignages accablants, l’histoire officielle de l’Etat Algérien indépendant nous a imposé ce sinistre corrompu Hamdan Khodja, auteur de cette « précieuse pièce à conviction », comme, tenez-vous bien, « Le premier militant nationaliste algérien » !!! Quelle audacieuse supercherie ! Vu le patriotisme pernicieux et hypocrite de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, il y a lieu de méditer vraiment sur notre devenir.
- 3. Réfutation de l’ouvrage d’Hamdan Khodja : « Aperçu historique et statistique de la Régence d’Alger », rédigée et publiée par l’entourage du maréchal Clauzel dans l’Observateur des Tribunaux français et étrangers, juin 1834.
- 4. Mohammed Arkoun, « Religion et laïcité : Une approche laïque de l’islam », L’Arbrelle, Centre Thomas More, 1989 ;

Au nom de l'arabité Ils ont souillé la fraternité
Au nom de la foi Ils ont souillé notre histoire
Au nom de leurs codes Ils ont bafoué les nôtres
Et toi mon frère, tu acceptes Les boniments, les préceptes
Ils ont nourri ta vanité Pour mieux te manipuler
Tu as oublié d'où tu venais
Ce ventre qui t'a porté
Ce ventre qui t'a protégé
Ce sein que tu as tété
Ces chants qui t'ont bercés
Pour accompagner ton enfance
Sur le chemin de ton existence
Tu persistes à suivre Ceux qui te renient
Quand tu retourneras Dans le ventre de tamazgha
Trouveras-tu la paix pour ton âme?

Damia
Ceci est un cri de révolte qui m'est parvenu, qui m'a bouleversé et que j'aimerais vous faire partager en espérant que chacun le relaye...


Layla Hachichi. N’oubliez pas ce nom, brûlée comme une sorcière de Salem parce qu’elle n’aimait pas les hommes. Cela s’est passé en Belgique, dans son paroxysme communautaire. Pourquoi vivre en Europe quand une grotte suffirait, un tel barbarisme devient commun. Mon amie Shahrazade qui a survécu à l’homme qu’elle ne voulait pas aimer a survécu grâce à ceux qui sont intervenus. Ils doivent partir ceux qui ne supportent pas le mode de vie occidental, pourquoi rester quand la liberté d’autrui vous agresse ? Souhaitez-vous nous mâter tous, maures ou pas ? Devons-nous attendre que vos oppressions soient sur nous ?

Ils sont venus pour Layla et personne n’était avec elle. Que ferez-vous quand ils viendront pour vous ? A la manière de ce poème de la seconde guerre mondial, les fascistes sont de retour. N’y a-t-il que la force pour faire entendre raison ? Combien de morts supporterons-nous ? Les citoyens doivent être convoqués pour organiser l’exode de la bêtise, le retour dans son giron car tout cela n’est pas acceptable. Je veux des prêches pour Layla qui appellent à la raison et qui nous submergent de honte, nous, citoyens indifférents et musulmans, qui vivons et prions au coté de la bête immonde.

On cachera cela sous le tapis du crime crapuleux mais c’est une martyre de la liberté. Cette liberté qu’ils exploitent pour porter barbe et voile ou niqab ou burqua. Pourquoi leur faire une place quand ils ne nous en accordent pas ! Je suis en colère et impuissant ils viendront un jour comme ils me l’ont promis et ils me couperont la tête car elle ne pense pas comme les leurs, car elle ne prie pas comme ils le font ! Dieu préfère ceux qui versent le vin à ceux qui versent le sang et il pardonne à ceux qui l’abjurent car ils le font à cause d’eux. Ce eux que je vomis, ce eux d’intolérance.

La LCR de Belgique se tient aux cotés des monstres qui minaudent face à la laïcité qui veut protéger les enfants de Belgique qu’ils veulent voiler. Honte à eux qui ont oublié les gauchistes iraniens enfermés dans les camps de conversion islamiste parce qu’ils se sont alliés à eux pour renverser le shah en espérant les voir retourner aux mosquées mais ils se battent pour prendre le pouvoir. Pensez LCR et NPA ou autre CNT quand ils viendront pour vous faire pitié, pensez à Layla, à sa liberté et aux printemps qu’elle ne verra pas ! Toutes les prochaines filles qui naîtront en Belgique doivent porter son nom pour qu’on ne l’oublie pas, occidentaux ou mauresque. La prochaine génération doit comporter une armée de Layla. Demain je pleurerai mais aujourd’hui je rage et je n’oublierai jamais cette femme que je ne connaissais pas.


Karim Bey Smail