jeudi 31 décembre 2009

Légitimité par l'islam et chacalisation par l'arabisme

Alors que la plupart des analystes ont, jusqu'à la fin des années 70, mis l'accent sur la construction du socialisme et le révolution agraire dans la stratégie, d'auto-légitimation du pouvoir algérien, la recherche par l'état d'une légitimité islamique était pourtant un volet essentiel de la politique algérienne. sous ce rapport, la situation de la kabylie ne manque pas non plus d'être relativement singulière à l'échelle de l'algérie.

  Sans sous-estimer la prégnance de l'islam en kabylie, comme culture, comme loi, et sachant que l'islam peut être investi par des valeur les plus diverses, recouvrir, justifier, légitimer des positions allant de l'attentisme le plus inhibiteur à l'activisme le plus volontariste (d'où l'inanité de la problématique : l'islam est-il progressiste ou réactionnaire ? ) il faut insister sur la situation particuliére de l'islam kabyle en restituant le spectre de ses nuances.

  Il y a d'abord, cet islam de terroir, fragmenté et particulariste. c'est celui des confréries religieuses et des marabouts. du fait que cet islam est largement solidaire du monde paysan, la dépaysannisation massive de la kabylie a induit une profonde démaraboutisation des communautés locales.

  De façon beaucoup plus précoce et systématique que dans les autres régions rurales d'algérie, les marabouts de kabylie, qui assuraient auparavant le magistére spirituel et l'enseignement coranique des communautés locales, ont été très nombreux à basculer dans le monde du travail salarié et l'émigration ouvrière. Il s'est donc produit un phénomène de "décléricalisation". A cela, la diffusion importante de la culture française et un accés privilégié à la modernité européenne se sont surajoutés pour induire une profonde sécularisation des représentations. La décléricalisation des communautés villageoises et la sécularisation des représentations se sont donc conjugués pour aboutir à une déprise significative de cet islam de terroir.

Bien que l'extension du mouvement associatif badisien ait été relativement circonscrite en kabylie, l'impacte de ce mouvement de réformes religieuse impulsé dés la fin des années 20 a profondément affecté les représentations et les pratiques musulmanes. en effet, la rationalisation des pratiques et des croyances dont procéda le mouvement de reforme religieuse convergeait totalement avec le phénomène de sécularisation des représentations dont l'importance, en kabylie, fut souligné. Ce n'est que tardivement que les deux logiques se heurtèrent. ce qui produisit une fois qu'elles se projetèrent et se cristallisèrent dans des organisations aux buts qui paraissent de plus en plus comme exclusif les uns des autres.

Ce sont la très forte idéologisation de l'islam et, surtout la dogmatisation que l'état algérienne fit subir à l'arabo-islamisme qui creusèrent définitivement les oppositions. Si les kabyles communièrent comme les autres algériens dans l'arabo-islamisme jusqu'à l'accession à l'indépendance, c'est que celui ci était pensé et vécu comme un mythe susceptible de rassembler toutes les énergies et les fidélités pour poursuivre le combat de libération nationale. il n'en alla plus de même lorsque le mythe fut érigé par l'état au rang de dogme dont la remise en question était justiciable de la cour de sureté de l'état. d'autant qu'en passant du statut de mythe à celui de dogme, l'arabo-islamisme s'était passablement rigidifier, au point de couvrir d'une chape de plomb toute référence a l'amazighité de l'algérie

 

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